Soutenir la santé mentale des talents de demain
Un article réalisé pour Promotion Santé Suisse et son programme apprentice, paru dans le numéro de février 2021 de PME Magazine. Photo by ThisisEngineering RAEng on Unsplash.
Les exigences professionnelles et les questionnements auxquels font face les jeunes personnes en début d’activité mettent leur santé mentale à rude épreuve. De nouveaux outils destinés aux responsables de formation des entreprises voient le jour pour changer la donne.
Sous fond de crises économiques diverses et chroniques, la pression monte sur les personnes actives. Le Job stress index 2020 —une série d’indicateurs qui mesure les conséquences du stress au travail sur la santé des personnes actives réalisé depuis 2014 par la fondation Promotion Santé Suisse, l’Université de Bern et la HES de Zurich— montre que plus d’un tiers des personnes actives sont stressées. Une situation intenable qui fait plonger la productivité des entreprises et exploser les coûts de la santé, car quand le stress atteint des niveaux trop élevés ou chroniques, il entraîne une augmentation des maladies mentales comme l’anxiété ou la dépression. En Suisse, la facture du stress s’élève à 7,63 milliards en 2020, selon l’index.
Les jeunes face à d’autres réalités
Les jeunes de 16 à 24 ans, donc en début de carrière ou en formation, apparaissent comme les plus touchés, selon des données récoltées avant le début de la crise sanitaire de la COVID-19. L’augmentation du rythme et de l’intensité de travail s’avèrent beaucoup plus impactant pour les nouvelles recrues, car la marche entre l’école et le monde professionnel est désormais trop haute. «Les jeunes doivent apprendre le métier tout en s’adaptant à un nouveau rythme, le surmenage les guette», indique David Grandjean, responsable de la sensibilisation et de la diffusion à Promotion Santé Suisse.
À cela, il faut ajouter le stress social. En effet, le choc des générations est de plus en plus conflictuel. «La gestion des réseaux sociaux ou encore la notion de performance diffère entre les générations. Dans ce contexte, les tensions montent facilement entre collègues.» Finalement, le manque de perspective exige une planification de carrière acérée, un facteur de stress important. Les jeunes ne sont donc pas plus fébriles que les autres, mais face à d’autres réalités.
Des formateurs largués
De leur côté, les responsables de formation se sentent démunis face au malaise de leurs apprenants et ne parviennent pas toujours à agir. «Ils sont esseulés au sein des entreprises et ne peuvent pas forcément aller parler aux ressources humaines, car leurs problèmes ne sont pas nécessairement professionnels, mais relationnels.» Pourtant des solutions existent, car le stress ne naît pas uniquement de la montée de la charge de travail. Il survient surtout lors d’un déséquilibre entre les exigences et les ressources à disposition pour y faire face. «Les jeunes sont les talents de demain! Nous nous devons d’assurer leur développement au sein des entreprises.»
Une solution sur mesure
Afin de développer des solutions pragmatiques et adaptées, Promotion Santé Suisse a enquêté auprès des entreprises pour connaître leurs besoins. Il en découle que les responsables de formation jouent un rôle central, ils doivent bénéficier d’outils ciblés pour agir de manière préventive. Fort de cet enseignement et de la mission de la fondation au service de la santé, le produit Friendly Work Space Apprentice a été développé avec des partenaires académiques sur une période de quatre ans.
Quatre éléments sont à la disponibilité des entreprises depuis décembre 2020. Un site internet (www.fws-apprentice.ch) sert de source d’information sur le stress avec des études de cas, des bonnes pratiques, des témoignages et des articles. En complément, une application pour smartphone permet d’accéder au flux d’information et contient un module de chat pour dialoguer avec des experts. Des événements annuels favorisent les échanges et rencontres entre pairs et professionnels de santé. Finalement, seul module payant du produit, une formation d’une journée est proposée.
«Nous sommes convaincus qu’Apprentice permettra d’identifier les problèmes en amont pour mieux accompagner les jeunes dans la vie active, en leur donnant confiance et en stimulant leur sens des responsabilités», conclut David Grandjean.