Le GHB, entre mythe et réalité
Article réalisé pour le magazine InVivo avec LargeNetwork. Crédit photo ©Kaboompics
L’acide gamma-hydroxybutyrique, ou GHB, est souvent appelé la «drogue du viol». Que sait-on exactement de sa présence sur le territoire romand?
L’acide gamma-hydroxybutyrique, ou GHB, est souvent appelé la «drogue du viol». Cette molécule doit son inquiétant surnom à plusieurs de ses effets: désinhibition, sédation rapide et troubles de la mémoire. Régulièrement cité dans les médias et sur les réseaux sociaux, le GHB inquiète un grand nombre de noctambules qui ont peur de se faire droguer et abuser à leur insu.
Le GHB est découvert par le chimiste russe Alexandre Zaïtsev en 1874. Il faudra attendre l’essor de la neurobiologie, en 1961, pour le voir réapparaître en raison de ses similitudes avec le neurotransmetteur GABA, dont le rôle physiologique est de diminuer l’activité des neurones. À faible dose, le GHB leurre ce neurotransmetteur et empêche son action inhibitrice. Les neurones producteurs de la molécule du plaisir, la dopamine, sont donc stimulés. «Les effets récréatifs recherchés sont l’euphorie, la relaxation et la sensation d’ivresse», indique Marc Augsburger, responsable de l’unité de toxicologie et chimie forensique du Centre universitaire romand de médecine légale.
À plus haute dose, le GHB va stimuler la fabrication du neurotransmetteur GABA dans le cerveau et provoquer un ralentissement global de l’activité neuronale comparable au sommeil. «Le GHB est utilisé comme sédatif, mais la différence entre la dose thérapeutique efficace et la dose toxique étant trop faible, son champ d’application médical reste très limité», indique le spécialiste.
Depuis janvier 2021, l’équipe de Marc Augsburger recherche systématiquement cette molécule lors d’accident de la route ou d’agression. Cependant, le GHB est particulièrement difficile à détecter: aucune trace ne subsiste douze heures après sa consommation. «C’est particulièrement problématique lors de viols avec une perte de mémoire. Passé le délai, nous ne pouvons infirmer ou affirmer sa présence.» En 18 mois, l’équipe a détecté trois cas sur 633 auteurs d’infractions pénales, et un cas sur 60 victimes d’agression sexuelle ou de blackout. Leur étude montre que le GHB n’est pas la molécule majoritairement retrouvée lors d’agressions sexuelles: avec moins de 2% des cas, il est loin derrière l’alcool (50%) et le cannabis (17%). «Le GHB est peu consommé en Suisse romande et principalement de manière récréative. Son utilisation en cas d’agression sexuelle, avec suspicion de prise de substance à l’insu de la personne, semble marginale comparée à la consommation d’alcool, de cannabis ou encore de cocaïne.» Malgré des statistiques rassurantes, l’intoxication au GHB reste donc une réalité à prendre très au sérieux.